Libre opinion

Lundi 2 mars 2020

Samedi 1er février 2020
GOGO PENGUIN 
FESTIVAL NOVAJAZZ, YVERDON
  (2e partie de Ashley Henry)
Chris Illingworth (p), Nick Blacka (b) Rob Turner (dm)

J’ai beaucoup hésité à écrire ces lignes sur ce trio (piano, basse, batterie) originaire de Manchester. La critique est facile. Mais un faisceau de charges l’a emporté: indigence musicale (en clair: «c’est quoi ce porridge? *»), incrédulité («qu’est-ce que je fiche là?»), absence de repères («d’où ça sort?»), stupéfaction face à l’engouement d’une grosse partie du public («qu’est-ce qu’ils ont entre les oreilles? **»). Alors, allons-y franco. J’ai pourtant les idées larges, mais que vient faire ce groupe dans un festival de jazz? Même avec des chakras ouverts à 360 degrés, le jazz ne retrouve pas ses petits. Au mieux (?), c’est de la musique électronique de bas étage: inspiration inexistante, absence totale d’harmonie, désolation rythmique (on alterne boum tchic rapide et boum tchic lent toutes les quatre minutes, c’est tout), et j’en passe. Parlons des musiciens. Le seul à tirer son épingle du jeu est le bassiste Nick Blacka, juste, puissant, qui mérite tellement mieux. Le batteur Rob Turner n’a pas une once d’intérêt. Mais le pire est le pianiste Chris Illingworth: doigts désespérément écartés, ses mains massacrent les touches et il ne sait jouer que comme ça: à l’arrache, pas un gramme de sensibilité, un toucher monolithique, en un mot: exécrable. Quant aux prétendues mélodies, qui seraient «contagieuses» d’après internet (on croit rêver !), ce sont les déserts de Gobi, du Kalahari et de Patagonie réunis. Une misère, comme l’on disait autrefois. Heureusement, certains se sont insurgés. Alex Dutilh de France Musique a titré: «GoGo Penguin ou des manchots pour les gogos?» Louis Victor, dans Jazz News, s’interroge: «que diable est allé faire Blue Note dans cette galère?*** ». Voilà, c’est dit, je vais me calmer… GD

* Ils sont anglais mais quand même…
** Si le Brexit pouvait au moins nous épargner…
*** Le groupe a signé chez Blue Note, on ne comprend plus…

 

Gabriel Décoppet