Lorsqu’on est rédacteur du One More Time, il y a une rubrique qu’on redoute avec plus ou moins d’affect, ce sont les «Derniers Chorus». Nos goûts musicaux ont tendance à nous dicter nos réactions, notre tristesse. Des souvenirs remontent à la surface, et parfois, il faut bien le dire, certains jazzmen ne nous évoquent rien ou si peu.
L’humoriste Pierre Dac disait «La mort est un manque de savoir-vivre». Cette citation ironique aurait certainement plu à notre ami et Président d’honneur depuis 2016 Pierre Bouru, qui nous a quittés le 25 décembre dernier à l’âge de 95 ans. Cette triste nouvelle nous a tous bouleversés. À titre personnel, j’avais une grande tendresse pour ce personnage haut en couleurs, avec lequel j’ai eu de nombreux échanges épistolaires, déjà du temps de ma première période au sein du Comité de notre revue. Je me souviens de ses lettres tapées à la machine, façon Remington (comme dans les bureaux de police), avec quelques petits trous à la place du «o». Et des corrections au crayon quand il le fallait. Je lui répondais par lettre, écrite au stylo, comme pour lui témoigner de mon respect. Il ajoutait à ses missives des tas de photos, signes d’une époque hélas révolue, de tous ces grands noms du jazz qui ne sont plus.

En page 8, un bref hommage lui est rendu. Mais nous reviendrons bien entendu sur son riche parcours dans le prochain numéro de l’OMT. Une figure unique du paysage musical genevois et bien au-delà nous a quittés. Ayons une pensée pour lui.

Les Comités de l’AGMJ et l’OMT vous adressent tous leurs vœux les plus chaleureux pour cette Nouvelle Année 2024 et vous souhaitent une agréable lecture.

Gabriel Décoppet, rédacteur-coordinateur

PS. J’écris ces lignes en regardant d’un œil distrait l’hommage télévisuel à l’homme politique français Jacques Delors, décédé récemment à l’âge de 98 ans. Et voici qu’on entend «Body and Soul» et «To a Wild Rose», en hommage à Coleman Hawkins et Sonny Rollins ! Delors était lui aussi un fou de jazz. Respect.